Guerre de Gaza de 2014

opération militaire
Guerre de Gaza de 2014
Opération Bordure protectrice
Description de cette image, également commentée ci-après
Carte de la bande de Gaza, en 2012.
Informations générales
Date
(1 mois et 18 jours)
Lieu Bande de Gaza (Palestine)
Israël
Casus belli
Issue

Les deux camps revendiquent la victoire[2]

  • Selon Israël, le Hamas a été gravement affaibli[3]
  • Selon le Hamas, Israël a été repoussé de Gaza[4]
Belligérants
Drapeau d’Israël Israël

Soutiens :
Drapeau des États-Unis États-Unis (armement)[5],[6],[7],[8]
Drapeau de la Palestine Bande de Gaza

Soutiens :
Drapeau de l'Iran Iran (armement)[9],[10]
Drapeau du Qatar Qatar (financement)[11],[12]
Drapeau de la Turquie Turquie (financement)[13],[14],[15]
Commandants
Benyamin Netanyahou
Premier ministre

Drapeau d’Israël Moshe Ya'alon
Ministre de la Défense
Benny Gantz
Chef d'état-major
Amir Eshel
Commandant de la force aérienne
Ram Rothberg
commandant de la marine
Sami Turgeman
Commandant du Sud
Ghassan Elian (WIA)
Commandant de la brigade Golani
Mickey Edelstein
Commandant de la division de la bande de Gaza

Drapeau d’Israël Yoram Cohen
Chef du Shin Bet
Khaled Mechaal
Chef du Hamas

Ismaël Haniyeh
Leader adjoint du Hamas
Mohammed Deïf
commandant des Brigades Izz al-Din al-Qassam
borda Raed al Atar
borda Mohammed Abou Shmallah
borda Mohammed Barhoum
Ramadan Shallah
Leader du Jihad islamique palestinien

Hafez Hamad
Forces en présence
176 500 soldats actifs, 445 000 réservistes[16].

Armée de défense
Armée de terre
Force de l'air
Marine
Drapeau d’Israël Shabak
Brigade Golani
Brigade Guivati

Brigade du Nahal
borda Brigades Izz al-Din al-Qassam (environ 10 000 combattants[17])

borda Force de sécurité du Hamas environ 12 000[17])
borda Brigades d'Abou Ali Moustapha

Brigades Al-Qods (environ 5 000 combattants[18])
borda Brigades Al-Nasser Salah al-Din
Pertes
Drapeau d’Israël
66 morts[30],[31],[32]
469 blessés[23],[33],[34]
Drapeau de la Palestine
722 morts
(selon l'OCHA)[19]

531 morts
(selon le PCHR)[20]

340 morts
(selon Euromid Observer For Human Right)[21]

2 310 morts
10 626 blessés
(combattants et civils, selon le Ministère de la Santé de Gaza)[35]

2 125 morts
(entre 44 et 64% de combattants, selon le Ministère des affaires étrangères d'Israël)[36]
250 prisonniers dont 159 impliqués dans des attaques terroristes
(selon Israël)[37]

Civils:

Drapeau de la Palestine
1 483 morts, dont 283 femmes et 521 enfants (selon l'OCHA)[19]

1 660 morts, dont 299 femmes et 527 enfants
(selon le PCHR)[20]

1 743 morts, dont 302 femmes et 530 enfants, plus 64 morts non-identifiés
(selon Euromid Observer For Human Right)[21]

Drapeau d’Israël
6 morts, dont 1 enfant[22]
87 blessés[23]

11 employés de l'ONU morts[24]
1 civil italien mort[25]
1 civil thaïlandais mort[26],[27]
Plus de 25 Palestiniens accusés de "collaboration avec Israël", exécutés sommairement par le Hamas[28], dont 2 femmes[29]

Conflit israélo-palestinien

Batailles

Israël et pays arabes (depuis 1948)

Massacres
Coordonnées 31° 31′ 00″ nord, 34° 27′ 00″ est

La guerre de Gaza de 2014 est un conflit armé se déroulant durant les mois de juillet et d', opposant l'État d'Israël à diverses forces paramilitaires palestiniennes dont le Hamas et le Jihad islamique. De même nature que la guerre de Gaza de 2008-2009, elle se caractérise par des tirs de roquettes depuis la bande de Gaza vers Israël et par des raids et frappes aériennes suivis d'une offensive terrestre lancée le . L'objectif déclaré des Israéliens est de mettre fin aux tirs de roquettes du Hamas depuis la bande de Gaza, en s'en prenant à ses infrastructures, en particulier les dizaines de tunnels creusés sous la frontière israélienne, les sites de lancement de roquettes et leurs unités de fabrication.L'objectif des groupes paramilitaires palestiniens est de faire lever le blocus de la bande de Gaza, rompre leur isolement politique et appliquer leur Jihad contre Israël[38].

Bien qu'ayant de multiples causes, tant économiques que politiques, ces combats sont une conséquence directe de plusieurs événements s'étant déroulés au mois de dont le meurtre de trois adolescents israéliens en juin 2014, suivi de l'arrestation en Cisjordanie d'approximativement 400 Palestiniens[39],[40] dont la majorité des membres du Hamas en Cisjordanie[41]. En réaction à ces événements, différents groupes paramilitaires dont le Hamas et le Jihad Islamique attaquent le territoire israélien par des tirs de roquette en ciblant plusieurs grandes villes israéliennes. En réponse, l'État d'Israël lance le , l'opération Bordure protectrice[42] (en hébreu : מִבְצָע צוּק אֵיתָן, Mivtza' Tzuk Eitan, littéralement « Opération Roc inébranlable »), offensive militaire[43] de l'armée israélienne dans la bande de Gaza contre le Hamas et le Jihad islamique palestinien.L'armée israélienne détruit au moins 34 tunnels[44] d'attaques.

Du au cessez-le-feu du , l'armée israélienne dénombre 4 564 roquettes et mortiers tirés depuis la bande de Gaza vers Israël dont 735 furent interceptées et 224 explosèrent dans des zones résidentielles[45]. Les services de renseignements de l'armée israélienne dénombrent 875 roquettes ayant explosé dans la bande de Gaza, et n'excluent pas l'hypothèse d'un bombardement volontaire[46]. Amnesty International qualifie les attaques à la roquette du Hamas qui font des victimes civiles des deux côtés, de crime de guerre, et de plus met en cause le Hamas, pour l'utilisation et le stockage de ces armes dans des zones densément peuplées[47].

Amnesty International accuse le Hamas d'exécutions, d'enlèvements, d'arrêts extrajudiciaires et de l'utilisation de l'hôpital al-Shifa pour détenir, interroger et torturer des suspects[48]. Selon le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, 861 membres du Fatah sont tués lors du conflit, dont plus de 120 par le Hamas[49]. À ceux-ci s'ajoutent approximativement 30 à 40 prisonniers palestiniens exécutés sous suspicion de collaboration[49]. Le conflit est aussi accompagné par des exécutions sommaires[50]. Le , une dizaine d'opposants au Hamas sont exécutés et le lendemain d'autres sont tués lors de la distribution de denrées alimentaires à Beit Hanoun[51]. Le même jour, le Hamas tire dans une foule d'habitants de Shuja'iyya, protestant contre la destruction de leur quartier et tue une vingtaine de personnes[52].

Le conflit suscite des réactions mitigées de la part de la communauté internationale et provoque un mouvement contestataire appelant à une fin rapide des hostilités de la part des belligérants, en raison du caractère jugé disproportionné de la riposte israélienne et du nombre de victimes civiles parmi les Palestiniens, ainsi que des nombreuses ruptures de cessez-le-feu par les mouvements palestiniens impliqués dans ce conflit[53].

Contexte

Histogramme des attaques à la roquette palestiniennes par jour contre Israël. La ligne discontinue indique l'opération de recherche des trois adolescents israéliens, la ligne bleue le début du bombardement du Hamas et en rouge le début de l'opération de riposte israélienne.

Le , le Fatah au pouvoir en Cisjordanie et le Hamas qui contrôle la bande de Gaza forment un gouvernement palestinien d'union nationale. Cette réconciliation est saluée par les États-Unis mais condamnée par Israël[54].

À la suite de l'enlèvement de trois adolescents israéliens, le et de la découverte de leurs corps, le , Israël accuse le Hamas, malgré l'absence de revendication de sa part[55]. Le cerveau présumé de l'opération est arrêté le et aurait indiqué s'être assuré du soutien financier du Hamas[56]. Le , un membre du bureau politique du Hamas, reconnait que cet enlèvement et les meurtres ont bien été commis par des membres du Hamas, « sans que la direction du mouvement en ait été avertie[57] ». Le , les deux membres du Hamas, tenus responsables de l'enlèvement et du meurtre des trois adolescents qui étaient recherchés depuis par Israël sont abattus lors d'une fusillade avec des soldats à Hébron[58].

Le , l’État hébreu lance l'opération « Gardiens de nos frères », durant laquelle sont arrêtés entre 350 et 600 Palestiniens[59],[60],[61], essentiellement des membres du Hamas, dont 56 qui avaient été relâchés en échange du soldat Gilad Shalit, en 2011, ainsi que des députés et le président du parlement Abdel Aziz Doweik. Neuf palestiniens sont tués au cours de l'opération[62],[63],[40].

En réaction, le Hamas procède au tir de roquettes sur Israël. Au , plus de 200 ont été tirées vers Israël. Une quinzaine sont interceptées par le Dôme de fer et les autres ne font pas de victimes. Ces tirs sont suivis par des représailles de l'aviation israélienne[64].

Dans le même temps, six membres des Brigades Izz al-Din al-Qassam du Hamas sont tués par une explosion dans un tunnel qu'ils creusaient sous la frontière entre Israël et la bande de Gaza.

Le , alors qu'une très vive tension règne sur le terrain, les tirs de roquette et les raids aériens israéliens lancés en représailles augmentent. Douze raids de représailles contre des installations palestiniennes sont conduits à la suite de nouveaux tirs de roquettes. Une jeune palestinienne a été tuée. De plus, trois Palestiniens ont été blessés par une explosion apparemment provoquée par un tir visant le sud d’Israël, mais qui a atteint la bande de Gaza[65].

Le , deux membres palestiniens du Comité de résistance populaire, qui a revendiqué des tirs de roquettes sur le sud d'Israël, sont tués et un troisième est blessé par une frappe aérienne israélienne alors qu'ils circulaient en voiture. Selon l'armée israélienne, ils étaient « impliqués dans des tirs de roquettes contre Israël, ces dernières semaines et ils préparaient des attentats contre des ressortissants israéliens ». Dans la matinée, selon des sources palestiniennes, quatre autres Palestiniens, dont un enfant de onze ans, sont blessés par des tirs israéliens près de la frontière entre Israël et la bande de Gaza. Tsahal déclare avoir riposté à l'explosion d'une bombe au passage d'une patrouille israélienne près de la frontière « en tirant en direction des postes de guet utilisés pour guider cette attaque »[66].

Dans la nuit du 1er au , un adolescent palestinien est tué par trois juifs fanatiques israéliens[67]. Les meurtriers sont arrêtés et le meurtre sera condamné par Benyamin Netanyahou.

La violence monte au Proche-Orient entre Palestiniens et Israéliens, principalement autour de la bande de Gaza. Le Hamas lance des centaines de roquettes (une dizaine le 1er juillet, 40 le , 80 le 7 et 146 le [68]) (plus de 1500 au ) vers d'importantes villes israéliennes : Tel Aviv-Jaffa, Jérusalem ou même Haïfa. Trois roquettes sont tirées en direction de Dimona[69]. Une roquette s’abat sur une zone résidentielle d’Hébron, deux autres dans les environs de Bethléem.

Le Premier ministre Benyamin Netanyahou indique qu'« Israël ne tolèrera pas de tirs de roquettes contre ses villes »[70]. En réponse aux attaques, Israël bombarde Gaza, effectuant plus de 200 raids et attaquant 750 cibles, causant majoritairement des pertes civiles selon les secours locaux[71].

83 % des Israéliens[72],[73] soutiennent l'opération militaire ordonnée par Benyamin Nétanyahou contre la bande de Gaza.

Chronologie

« Pendant les dix jours de l'opération « Gardien de nos Frères » en Cisjordanie (avant le début du conflit à Gaza), Israël a arrêté environ 800 Palestiniens sans inculpation ni procès, a tué 9 civils et a effectué des descentes dans presque 1300 immeubles résidentiels, commerciaux et publics[60]. Son opération militaire visait les membres du Hamas relâchés pendant les Accords Schalit en 2011 »[40][source insuffisante]. En réaction le Hamas, pour la première fois depuis le cessez-le-feu de 2012, procède aux tirs de roquettes contre Israël et ses territoires[74].

L'opération débute le par une phase de bombardements aériens israéliens qui font plus de 240 morts, alors que le Hamas tire un millier de roquettes et faisant un mort israélien[75].

Le au soir, cette phase s'achève avec le rejet par le Hamas du cessez-le-feu proposé par les Égyptiens, l'échec de la tentative d'infiltration du Hamas en Israël par un tunnel et le début de l'offensive terrestre israélienne.

Une deuxième phase débute par une opération terrestre dans la bande de Gaza dont l'objectif est, selon le Premier ministre israélien, de « vise(r) à frapper les tunnels de la terreur allant de Gaza jusqu’en Israël »[75],[76].

Le , l'Égypte, l'État de Palestine et Israël ont annoncé qu'un accord de cessez-le-feu permanent a été trouvé et entrait en vigueur le jour même à 16h GMT, ce dernier inclurait un arrêt immédiat des hostilités, l’ouverture des points de passages entre Gaza et Israël uniquement pour faire circuler l’aide humanitaire et d’urgence et l'extension de la zone de pêche Gazaouie, passant de 3 à 6 puis à 12 milles marins[77].

Fin , l'Égypte réunira les deux parties pour discuter entre autres de la levée du blocus de la bande de Gaza à proprement parler, de la construction d'un port dans la bande de Gaza et la réouverture de l'aéroport de gaza, de la libération de prisonniers palestiniens, de la remise des corps de soldats israéliens et de la démilitarisation de la bande de Gaza[77],[78],[79].

Le coordinateur de l'ONU pour le Proche-Orient, Robert Serry, annonce le un accord entre le gouvernement israélien et l'Autorité palestinienne sur la mise en place d'un « mécanisme provisoire » pour accélérer la reconstruction de Gaza[80]. L'ONU assurera la surveillance du mécanisme afin de vérifier que les matériaux de construction acheminés dans la bande de Gaza restent à usage civil. Robert Serry a expliqué que cet accord tripartite « permettra des travaux d'une ampleur nécessaire dans la bande de Gaza, en impliquant le secteur privé et en donnant un rôle de direction dans les efforts de reconstruction à l'Autorité palestinienne » et qu'il s'agissait d « un pas important vers l'objectif d'une levée de toutes les restrictions » pesant sur la bande de Gaza[81].

Le , après une première séance de négociations indirecte entre israéliens et palestiniens organisée sous l'égide de l’Égypte, il a été annoncé que les négociations reprendront fin octobre[82] en raison des fêtes religieuses juives et musulmanes[83]. Fin octobre, ces négociations sont à nouveau reportées sine die à l'initiative de l'Égypte[84].

Le , à la suite d'un tir de roquette venu de la Bande de Gaza, l'aviation israélienne a mené un raid au sud de cette enclave, le premier depuis la fin de la guerre. Israël a affirmé avoir visé « des infrastructures du Hamas », aucun mort n'a été a déploré selon le ministère de la Santé à Gaza[85].

Conférence internationale des donateurs au Caire et réaction d'un dirigeant du Hamas au plan Serry

Lors de la conférence internationale des donateurs pour la reconstruction de la bande de Gaza qui se tient après ce conflit, les 4 et au Caire en Égypte, les participants, une cinquantaine de pays et d'organisations internationales, s'engagent à financer cette reconstruction par une promesse de dons d'un montant global de 5,4 milliards de dollars. Le Qatar promet la plus grosse contribution d'un milliard de dollars. Les États-Unis annoncent 400 millions de dollars et l'Union européenne 450 millions d'euros pour 2015.

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, souligne et déplore qu'« en 2009, la communauté internationale se soit déjà réunie » en Égypte pour la reconstruction de Gaza et qu'elle soit à nouveau réunie avec le même ordre du jour. « Le cycle construction-destructions se poursuit, il empire ».Le secrétaire d'État américain John Kerry demande un retour aux négociations entre Israéliens et Palestiniens soulignant qu'un « un cessez-le-feu, ce n'est pas la paix  » et que les parties en conflit doivent faire des choix difficiles afin d'assurer une paix durable. Similairement, Catherine Ashton, la chef de la diplomatie de l'Union européenne souhaite que ce soit la dernière fois qu'il faille appeler la communauté internationale à reconstruire Gaza[86].

Le , le chef adjoint du bureau politique du Hamas, Moussa Abou Marzouk, se dit sur sa page Facebook opposé à l'implication de l'ONU dans la reconstruction de la bande de Gaza et demande que le gouvernement d’unité palestinien soit chargé des projets de construction plutôt qu'une organisation internationale. Il affirme que « le plan Serry de reconstruction [annoncé le précédent] n'a jamais été présenté au Hamas » pour ce plan contrairement à ce qui a été rapporté » soulignant et qu'il s'agit d'un mensonge grossier » et que lors des négociations indirectes pour le cessez-le-feu au Caire, l'ONU a été « rejetée comme acteur dans la reconstruction » et que « c'est l’Autorité palestinienne qui doit en être responsable par le biais du gouvernement d’unité palestinien » que lors des négociations indirectes pour le cessez-le-feu au Caire, l'ONU a été « rejetée comme acteur dans la reconstruction ». Selon un rapport publié par le bureau de Robert Serry (en), le coordinateur spécial de l'ONU pour le processus de paix au Moyen-Orient, le gouvernement palestinien est « responsable de la remise en état des maisons détruites ainsi que de la mise en place de projets publics et privés d'envergure, tandis que l'ONU continue de construire des écoles et des dispensaires comme avant la dernière guerre et que tous les matériaux de construction nécessaires doivent être répertoriés par les autorités palestiniennes et approuvés par Israël »[87].

Opérations militaires

Offensive militaire israélienne

Bombardements aériens

Une carte montrant la localisation des dégâts des missiles à Gaza[88]

Selon le magazine Air Combat, no 9 de , l'armée de l'air israélienne a lancé des raids sur 4762 sites entre le et le et plus de 5800 missions au [89].

« Toquer au toit »
Boucliers humains

Selon David Rigoulet-Roze, chercheur associé à l'Institut de prospective et sécurité en Europe (IPSE), et chercheur rattaché à l'Institut Français d'Analyse Stratégique (IFAS), « Il y a régulièrement l'utilisation de boucliers humains [par le Hamas]. Lorsque l'armée israélienne demande l'évacuation de certaines zones spécifiques, le Hamas fait en sorte de maintenir les populations sur place. Donc les dommages collatéraux sont très importants en dépit de tous les efforts qui sont faits pour les éviter. ». Pour lui Israël est tombé dans un piège en lançant cette opération très coûteuse militairement en hommes et en image, le Hamas utilisant les pertes civiles comme la « carte du faible au fort » dans une guerre asymétrique[90].

Néanmoins des journalistes sur place démentent l'utilisation de cette pratique du Hamas, et même qu'il ait été question de forcer les civils à rester dans les zones de combat : Jeremy Bowen (en) de BBC Middle East[91], Peter Beaumont (en) du Guardian[92] ou encore Kim Sengupta du journal The Independent[93], certains déclarent que les boucliers humains utilisés par le Hamas seraient des mythes. Sur la question des tirs de roquettes par les groupes islamistes de Gaza à proximité d'écoles, d'hôpitaux, de mosquées, d'habitations et de bâtiments de l'ONU, Christophe Ayad, chef du service international du journal Le Monde, minimise la pratique de bouclier humain en estimant qu'il y a sans doute eu des cas de roquettes tirées par le Hamas dans les environs de bâtiments publics, tout en accusant l'armée israélienne de « mauvaise foi certaine » car Gaza est « l'un des territoires les plus densément peuplés au monde »[94].

Chris Gunness, porte-parole de l'ONU a réagi à la suite du constat de caches d'armes dans deux écoles financées par l'ONU, "L’Agence onusienne chargée des réfugiés palestiniens (UNRWA) a immédiatement réagi et condamné officiellement l’usage inapproprié de ses locaux"[95].

William Saletan, journaliste de Slate souligne que « le Hamas s'est catégoriquement opposé au principe d'épargner les civils ». Il cite le porte-parole du Hamas qui a déclaré que « tous les Israéliens sont désormais des cibles légitimes ». Pour Saletan « dans la guerre de Gaza, l'armée israélienne fait à l'évidence tout ce qu'elle peut pour minimiser les pertes civiles. Et on ne peut pas en dire autant du Hamas. »[96].

Invasion terrestre

Après plus de dix jours de bombardement, le , Israël a décidé de lancer une opération militaire terrestre dans la bande de Gaza. Cette opération a débuté dès son annonce. Le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a ordonné le lancement immédiat d'une opération au sol de l'armée afin de détruire « les tunnels terroristes qui vont de Gaza à Israël ». Dans la matinée des hommes du Hamas avaient tenté de quitter la bande de Gaza en empruntant un de ces tunnels. Le Premier ministre israélien demande à l'armée de démilitariser Gaza. L'armée a lancé son opération par la mer et par la terre[97],[98].

Cessez-le-feu humanitaires

Photo prise lors de la trêve de 72 heures du entre le Hamas et Israël. Une ambulance détruite à Shuja'iyya dans la bande de Gaza.

Plusieurs cessez-le-feu temporaires ont eu lieu, notamment pour permettre à l'aide humanitaire de se rendre dans Gaza[99]. La plupart de ces trêves ont duré quelques heures mais deux ont été plus longues (de plusieurs jours à plus d'une semaine[100]).

Le plus long cessez-le-feu devait permettre aux deux parties de pouvoir négocier. Il a débuté le et devait initialement durer trois jours. Il a cependant été prolongé plusieurs fois faisant passer sa durée totale à neuf jours[101],[102].

La plupart des trêves ont été violées, chaque partie accusant l'autre d’être responsable.

Coût financier

En , Moshe Yaalon, alors ministre de la défense israélienne fait état d'un coût total de 2,5 milliards de dollars (1,9 milliard d'euros) précisant que « chaque interception de roquette palestinienne par le système de défense « Dôme de fer » coûtait 100 000 dollars (environ 76 000 euros). »[103]

Attaques des groupes palestiniens

Préparation

Pour la première fois, les Brigades Izz al-Din al-Qassam utilisent le drone Ababil 1 (en). Le Hamas prétend en posséder plusieurs, déclinés en trois versions différentes : A1A pour des missions de reconnaissance, A1B pour des missions offensives et enfin A1C, bombe volante. Selon le Hamas, plusieurs drones ont ainsi survolé Israël qui n'a, de son côté, confirmé qu'un seul vol, abattu par un missile MIM-104 Patriot au-dessus d'Ashdod[104].

Par ailleurs, les diverses organisations armées de Gaza disposent désormais de roquettes à plus longue portée que les Qassams (15 km) comme la roquette M-302 (150 km). Certaines de ces roquettes sont de fabrication locale tandis que d'autres sont importées, en contrebande[105].

Selon Tsahal, plusieurs combattants du Hamas ont avoué (lors de leur interrogatoire par le Shin Bet) avoir utilisé des écoles et des mosquées comme lieu de rassemblement de planques ainsi que des sites de lancement (de roquettes) et des caches d’armes à proximité des aires de jeux gazaouies[106].

Durant les hostilités, l'UNRWA a indiqué avoir découvert à plusieurs reprises des armes dans ses écoles lors d'inspections de routine[107],[108],[109].

Attaques de roquettes contre Israël

Portée des roquettes lancées depuis la bande de Gaza
Explosion due à une roquette dans la ville israélienne de Sdérot

Depuis le début de l'offensive, les Brigades Izz al-Din al-Qassam, le Jihad islamique palestinien et d'autres mouvements ont tiré des centaines de roquettes (surtout des roquettes Qassam ou d'autres roquettes livrées selon Michel Goya par la Syrie et l'Iran)[110]. Une partie des roquettes ont été interceptées par le Dôme de fer mais d'autres ont touché le territoire israélien majoritairement sans faire de victimes. La plupart des roquettes touchent surtout le sud d'Israël mais certaines ont une portée beaucoup plus longue et pourraient toucher des localités située assez loin au nord de Gaza[111] ; certaines ont même atteint des zones proches de l'aéroport de Tel Aviv-Jaffa[112] et des grandes villes du centre et du nord d'Israël. Pendant les trêves, des roquettes ont été tirées depuis Gaza en direction de l'État hébreu[113].

Tunnels offensifs et de ravitaillement

Des tunnels traversant la frontière avec l'Égypte ont été utilisés principalement pour la contrebande de marchandises et d'armes dans la bande de Gaza. D'autres tunnels qui traversent la frontière d'Israël ont été utilisés pour attaquer Israël et, selon l'armée israélienne, en préparation pour de futures attaques[114]. Certains tunnels entre Gaza et Israël sont basés près de Khan Younès, Jabaliya, et les camps de réfugiés Shati ainsi que d'autres zones de population denses. La destruction des tunnels est devenue l'un des principaux objectifs des forces israéliennes dans le conflit 2014. L'Égypte et Israël ont localisé et détruit un certain nombre de ces tunnels traversant leurs frontières, et Israël a détruit un certain nombre de tunnels dans la bande elle-même[115]. Les responsables militaires israéliens rapportent que 80-90 % des tunnels connus dans la bande de Gaza ont été détruits. Le Hamas, cependant, affirme que leurs tunnels sont encore intacts en dépit des actions militaires israéliennes[116]. Certains experts estiment que le nombre et la portée du réseau de tunnels n'ont pas été évalués au cours du conflit actuel. Les tunnels ont été construits avec des murs et des plafonds en béton précontraint et sont parfois équipés de voies ferrées internes. Le Qatar est suspecté d'avoir contribué à financer la construction des tunnels grâce à des fonds qui auraient été fournis sous le prétexte de dons humanitaires. Les critiques ont opposé le coût de tunnels et de roquettes du Hamas à la pauvreté et le chômage des citoyens de Gaza, affirmant que les fonds et les fournitures utilisés par le Hamas auraient dû être utilisés à des fins civiles.

Israël soutient que la construction des tunnels atteignant leur territoire est une violation de la souveraineté israélienne. L'armée israélienne a mené un certain nombre d'attaques sur les tunnels. Des ateliers utilisés pour la fabrication de panneaux de béton, souvent situés à proximité des tunnels, ont également été ciblés. Selon Tsahal, l'entrée de certains des tunnels se trouve à proximité d'aires de jeux et de cliniques[106].Le Hamas a revendiqué des incursions en Israël via des tunnels offensifs[117],[118].

Autres attaques du territoire israélien

Le 11 juillet, une roquette est pour la première fois tirée du Liban, ne faisant ni victime ni dégât[119].

Le des roquettes tirées depuis la Syrie et le Liban ont atteint Israël sur le Plateau du Golan et en Haute Galilée. Ces attaques non revendiquées n'ont pas fait de victime, Israël ne sait pas si les tirs depuis la Syrie résultent ou non de la guerre civile syrienne[120].

Bilan, pertes humaines et analyses

Dans son rapport, l'ONG Amnesty International accuse Tsahal d'avoir délibérément visé des habitations civiles "Les forces israéliennes ont violé les lois de la guerre en menant une série d'attaques contre des habitations civiles, faisant preuve d'une froide indifférence face au carnage qui en résultait.

Notre rapport dénonce la pratique courante des attaques de maisons par les forces israéliennes, qui ont témoigné d'un mépris choquant pour les vies des civils palestiniens en ne les avertissant pas et en ne leur laissant aucune chance de s'enfuir"[132]

Selon le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Navanethem Pillay : « Le nombre d'incidents, en plus du grand nombre de civils décédés, infirme la déclaration [israélienne] selon laquelle toutes les précautions nécessaires auraient été prises pour protéger la vie des civils »[133].

Selon le bureau de la coordination des affaires humanitaires, au , au moins 163 palestiniens ont été tués et environ 1 100 blessés, 70 % des victimes étant des civils, et 21 % des mineurs[134].

À la date du , soit au 21e jour après le début de l'opération Bordure protectrice dans la bande de Gaza, le bilan des pertes humaines réalisé par l'Organisation des Nations unies s'élève à plus de 1 113 morts palestiniens dont 795 civils et 230 enfants, 6 233 blessés ou mutilés dont 1 949 enfants et 1 660 femmes, 182 604 déplacés (soit 10 % de la population de Gaza). Côté israélien, on déplore officiellement la mort de 3 civils et de 53 soldats[135].

À la date du , 230 enfants palestiniens ont été tués par les bombardements israéliens depuis le début de l'opération, soit « plus de dix par jour » selon le Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF)[136], Pernille Ironside, la responsable UNICEF à Gaza, ajoutant, que « des enfants sont tués, blessés, mutilés, brûlés en plus d’être absolument terrifiés »[137].

Au , si pour Israël 47 % des victimes sont des « terroristes », pour les organisations de défense des droits de l'homme basées à Gaza, sur 1 669 victimes, au moins 80 % des victimes sont des civils et l'UNICEF compte au moins 245 enfants morts depuis le début du conflit. Le Conseil des droits de l'homme des Nations unies a accusé Israël de mener des « attaques disproportionnées et indiscriminées » et a lancé une enquête sur d'éventuels crimes de guerre[138].

Le , Antony Reuben, directeur du département des statistiques de la BBC publie un article dans lequel il souligne que les chiffres des tués publiés par la plupart des médias citent le bureau de Navi Pillay, la Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme qui chapeaute un groupe d'ONG du nom de Protection Cluster. Il estime que ces chiffres doivent être pris avec précaution. Dans son rapport du le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme (HCDH), donne un bilan de 1 843 palestiniens tués. Dans ce décompte 279 morts sont « non identifiés », 1 354 sont des civils dont 415 enfants et 214 femmes. Selon lui, si comme l'affirme Navi Pillay et le HCDH les attaques israéliennes étaient « indiscriminées », le nombre total de femmes tuées devrait être plus important. Le New York Times a pour sa part analysé les âges de 1 431 victimes et a noté que la majorité sont des hommes entre 20 et 29 ans. Les hommes qui appartiennent à cette tranche d'âge représentent 9 % de la population de Gaza mais 34 % des noms publiés. Parallèlement, 71 % de la population est constituée de femmes et d'enfants de moins de 15 ans, mais ils ne représentent que 33 % du total des victimes[139],[140].

En , une étude basée sur les noms fournis par le ministère de la santé de Gaza effectuée par "The Meir Amit Intelligence and Terrorism Information Center" portant sur 1165 de ces noms analysés, indique que selon elle : 528 Palestiniens étaient des terroristes, 480 des civils et 157 n'ont pu être identifiés, ne permettant pas de déterminer s'ils étaient civils ou terroristes [141].

Le , le Hamas annonce avoir exécuté 18 Palestiniens suspectés de collaboration avec Israël[126]. Le , Amnesty International estime qu'au moins 23 Palestiniens ont été exécutés extrajudiciairement par le Hamas et fait état de l'arrestation et de torture de dizaines d'autres dont des sympathisants et des membres du Fatah. Elle explique : « Alors que les forces israéliennes semaient mort et destruction à Gaza, les forces du Hamas ont saisi cette occasion pour régler des comptes de manière impitoyable, en se rendant coupables d’une série d’homicides illégaux et d’autres violations graves »[142].

Nombre de Palestiniens tués, blessés ou déplacés à Gaza, par diverses sources :

SourceTotal tuésCivils tuésCombattants tuésTués non identifiésPourcentage des civilsDernière mise à jour
Hamas (Ministère de la santé)2 145[143]≈1 71580 %[144]
Organisation des Nations unies (ONU) (Basé sur les chiffres du ministère de la santé du Hamas)2 1041 46226537769,5 %[130]
Armée de défense d'Israël1 768[145]–2 000[146]1 000[147]50 %–60 %[148]
(total tués)

(militants tués)
Intelligence and Terrorism Information CenterMoins de 2 0003162737854 %[149]

Diverses ONG ont publié des chiffres de dénombrement des combattants palestiniens tués lors du conflit. Le Centre palestinien pour les droits de l'homme (PCHR) dénombre 531 morts [20] et 340 morts sont recensés par Euromid Observer For Human Right [21]. Concernant les pertes civils PCHR dénombre 1 660 morts, dont 299 femmes et 527 enfants et Euromid Observer For Human Right dénombre 1 743 morts, dont 302 femmes et 530 enfants, plus 64 morts non identifiés. Le centre Al Mezan Center for Human Rights, donne les chiffres de 2 142 morts, dont 1 646 civils et 496 combattants (76,9 % de civils) [150]. Le Centre palestinien pour les droits de l'hommedonne les chiffres de 2 168 morts dont 1 662 civils, 506 combattants (76,6 % de civils tués)[151].

159 Palestiniens impliqués dans des attaques terroristes sont arrêtés par l'armée israélienne [37].

Témoignages

Témoignages de journalistes occidentaux dans la bande de Gaza

Une fois l'ambulance arrive à l'hôpital, les journalistes et les policiers entourent l'ambulance pour prendre des photos et en donner un coup de main.

Plusieurs journalistes ont témoigné sur leurs conditions de travail et les combats entre l'armée israélienne et les organisations palestiniennes dans la bande de Gaza.

Jeremy Bowen (en), journaliste de la BBC écrit dans un article en date du 22 juillet « n'avoir vu aucune preuve pendant [s]a semaine à Gaza vérifiant les accusations israéliennes selon lesquelles le Hamas utilise les Palestiniens comme boucliers humains »[152].

Peter Beaumont (en), journaliste du Guardian, témoigne dans un article daté lui aussi du 22 juillet qu'un grand nombre de Gazaouis « ont fui les secteurs de Beit Lahia, Beit Hanoun, Shuja'iyya, Zeitoun (en) et Maghazi et n' avoir trouvé aucune preuve que les résidents de ces secteurs ont été contraints de rester chez eux par le Hamas ». Israël et son Premier ministre ayant accusé le Hamas d'être responsable du taux élevé de pertes civiles en utilisant les civils de Gaza comme « boucliers humains » ou en suggérant que « les Palestiniens eux-mêmes en étaient responsables d'une certaine manière en n'évacuant pas ces secteurs » comme il leur avait été demandé par l'armée israélienne dans des messages par SMS, téléphone et tracts. Il souligne cependant que « dans les premiers jours du conflit le ministre de l'intérieur du Hamas avait exhorté dans un communiqué les résidents de ces secteurs proches de la frontière avec Israël de rester chez eux, dénonçant les avertissements israéliens comme étant de la guerre psychologique »[153].

Kim Sengupta, journaliste du The Independent écrit quant à lui le 21 juillet que « certains Gazaouis ont admis qu'ils avaient peur de critiquer le Hamas mais aucun n'a dit qu'ils avaient été forcés par l'organisation de rester sur les lieux propices au danger afin de servir de boucliers humains »[154].

Radjaa Abou Dagga, correspondant de Ouest-France à Gaza et ex-collaborateur de Libération, relate le avoir été convoqué par le service de sécurité du Hamas dans l’enceinte de l’hôpital Al Shifa pour y subir « un interrogatoire ». Le Hamas l'ayant soupçonné de « travailler pour Israël » Il relate que « de jeunes combattants, en civil et munis d’un pistolet dissimulé sous leur chemise, lui ont posé une batterie de questions en forme d’accusations ». Il est relâché plus tard après avoir été intimé de « quitter Gaza au plus vite et « d'arrêter de travailler ». Selon l’association Reporters sans frontières, « des menaces ont été proférées par le Hamas à l’encontre de plusieurs journalistes, Palestiniens et étrangers »[155], mais également par les services diplomatiques d'Israël sur des journalistes espagnols, auxquels l'ONG fait part « d'incessantes pressions des services diplomatiques israéliens en Espagne sur les journalistes et les médias espagnols »[156].

Le 3 août, Aishi Zidan, journaliste au Helsingin Sanomat, relate que des roquettes ont été tirées d'une cour de l’hôpital Al Shifa. Elle dénonce « comme dégoûtante l'utilisation de son reportage par les médias pro-israéliens qui l'utilisent comme arme de propagande »[157].

Gallagher Fenwick, journaliste anglophone de France 24, est interrompu par « une ou plusieurs roquettes M75 capables d'atteindre Tel Aviv » lancées à « quelques mètres de lui » durant une émission en direct le 3 août. Il a souligné « la présence de journalistes étrangers dans les environs ». Selon lui, il s'agit « d'un cas manifeste de lancer de roquettes depuis des zones civiles »[158].

Sreenivasan Jain, journaliste de la chaîne de télévision indienne NDTV 24x7, relate le 5 août dans un reportage que quelques minutes avant le cessez-le-feu, que le Hamas a lancé une trentaine de roquettes vers Israël. La veille, il a été témoin de l'installation d'un site de lancement à proximité de son hôtel, d'où l'une de ces roquettes a été tirée. Il a déclaré que ce reportage n'a pu être diffusé qu'après que lui et son équipe ont quitté la bande de Gaza expliquant que « le Hamas ne prenait pas très gentiment tout reportage sur ses tirs de roquettes »[159].

Le 5 août, Matthieu Mabin et Gallagher Fenwick, envoyés spéciaux de France 24 dans la bande de Gaza ont découvert un site de lancement de roquettes du Hamas, se trouvant « au milieu des habitations des Gazaouis, à quelques mètres seulement d’un bâtiment de l’ONU ». Matthieu Mabin estime que « cette découverte est au cœur de la polémique qui oppose l’État d’Israël à certains membres de la communauté internationale, lequel État d’Israël est accusé de frapper des sites protégés par les conventions internationales ». Selon lui « cela explique mieux la difficulté, qui est celle de l’armée de l’air israélienne, des drones israéliens, de distinguer les sites de lancement de missiles des sites protégés ». Pour lui « dans cet environnement, les dommages collatéraux et les pertes au sein des populations civiles semblent plus inéluctables et il doit probablement exister des centaines de positions comme celles-ci dans la bande de Gaza »[160].

Le 6 août, Pierre Barbancey, grand reporter à L'Humanité, témoigne de ce qu'il considère personnellement comme « des exactions et des crimes de guerre commis par l'armée israélienne » à Khuza'a, près de Khan Younès. Selon le journaliste, ce village de 13 000 habitants aurait été entièrement détruit sous les bombes alors que les habitants n'auraient pu fuir et que les secours n'auraient pu accéder à la zone. Toujours selon lui, plusieurs personnes y auraient été arbitrairement arrêtées par les forces spéciales israéliennes et auraient été retrouvées dans des charniers « les pieds liés et une balle au milieu du front »[161].

L'association des journalistes étrangers en Israël a protesté le contre « les claires, incessantes, offensives et illégitimes méthodes employées par les autorités du Hamas et ses représentants à l'encontre des journalistes internationaux opérant à Gaza ce dernier mois ». Ces pressions conduisent selon elle, à « dénier à leur lectorat et spectateurs une image objective de la situation sur le terrain ». Elle fait état de « plusieurs cas de harcèlements, de menaces, et d'interrogatoires de journalistes » au sujet de leurs reportages. Elle dénonce « la mise en place d'une liste noire de journalistes » par le Hamas[162].

Témoignages de soldats israéliens

Le , l'ONG israélienne Breaking the Silence publie un recueil de témoignages accordés anonymement par plus de soixante soldats de Tsahal. Selon ces témoignages, les soldats israéliens ont à de nombreuses reprises ouvert le feu sur des Gazaouis sans chercher à faire de distinction entre les combattants du Hamas et les civils. L'ONG recense au moins une centaine de cas[163],[164],[165],[166].

L'armée israélienne déclare avoir demandé à Breaking the Silence de lui fournir avant la publication du rapport, les preuves concernant les témoignages recueillis afin de pouvoir mener de véritables enquêtes mais l'ONG a refusé. Tsahal appelle l'ONG à se tourner vers les parties concernées de l’armée israélienne immédiatement après avoir reçu les plaintes, de façon à permettre l'ouverture d'enquêtes [167].

Journalistes et collaborateurs de presse tués

L'ONG Reporters sans frontières décompte treize journalistes et collaborateurs de la presse palestinienne tués à Gaza lors des combats et bombardements opposants l'armée israélienne aux combattants palestiniens, lors du premier mois de l'opération Bordure protectrice, dont quatre dans l’exercice de leurs fonctions : un photographe pour le Palestinian Network for Journalism and Media, le présentateur pour la chaîne du Hamas Al-Aqsa TV, un cadreur de The Continue, le chauffeur de Media 24. Selon l'organisation, « ces professionnels de l'information ont été soit victimes de raids aériens indiscriminés soit délibérément visés »[168].

Le , Simone Camilli, journaliste italien de l'Associated Press a été tué lors du démantèlement d'un missile israélien tandis que le photographe palestinien Hatem Moussa avait été grièvement blessé[169].

Conséquences

Crise humanitaire de Gaza

Maison détruite par des bombardements à Gaza

Au 27e jour de l'opération "Bordure protectrice", la Bande de Gaza se trouve dans une situation de "désastre humanitaire sans précédent"[170] selon les responsables de l'ONU et des ONG présents sur place. Dans une large mesure, l'enclave palestinienne est privée de nourriture, d’eau, d’électricité et d’accès aux soins. Les conditions sanitaires sont désastreuses et les lieux de refuges totalement saturés. Les derniers bilans de l’ONU indiquent que 50 000 maisons ont été entièrement détruites et 30 000 partiellement. Plusieurs centaines d’écoles et de crèches, soupçonnées d’abriter des armes du Hamas, l'unique centrale électrique ainsi qu'une dizaine d'hôpitaux ont été bombardés.

Après un mois de conflit, la bande de Gaza se trouve dans une situation de « désastre humanitaire sans précédent » selon les responsables de l'ONU et des ONG présents sur place. Dans une large mesure, l'enclave palestinienne est privée de nourriture, d’eau, d’électricité et d’accès au soin. Les conditions sanitaires sont désastreuses et les lieux de refuges totalement saturés. Ainsi l’ONU indique qu'au début du mois d'aout 2014, 10 000 maisons ou appartements ont été entièrement détruits, soit une population sans hébergement évaluée à 65 000 personnes. L'unique centrale électrique a été détruite ce qui a causé l'arrêt du système de distribution d'eau, et une dizaine d'hôpitaux ont été endommagés[171],[172]. En tout, 97 installations de l'UNRWA et 142 écoles de l'ONU ont été endommagées[173].

Soumis à des bombardements incessants malgré les trêves annoncées, les Gazaouis ne disposent par ailleurs d'aucun lieu véritablement sûr pour se protéger car parmi les bâtiments de l'ONU (dont 84 écoles) devant en principe servir de refuge, certains sont ciblés par l'armée israélienne[174],[172].

Selon l'ONU, 1 800 Palestiniens sont morts et 9 000 autres blessés sous les bombardements. 65 % des victimes sont des civils et 30 % au moins des enfants (l'UNICEF dénombre 400 enfants morts dont 70 % avait moins de 13 ans[175]). Un demi-million de personnes ont été déplacées, soit un quart de la population de l'enclave palestinienne[172]. De sources palestiniennes, les dégâts dans la bande de Gaza se situent entre 4 et 6 milliards de dollars[176].

Au : selon l'Unicef, 480 enfants palestiniens de moins de 17 ans ont été tués par l'armée israélienne, 75 % de la population de la Bande de Gaza survit sans électricité et 1,5 million de personnes sont privées d'eau potable. Près de 500 000 personnes, soit plus de la moitié de la population du territoire, a dû chercher refuge dans les abris de l'UNRWA lors des bombardements. L'Unicef, l'Unesco et l'organisation Save the Children indiquent qu'un demi-million de enfants n'ont pas pu retourner à l'école lors de la rentrée prévue le car la quasi-totalité des établissements scolaires est inaccessible: 213 établissements scolaires ont en effet été détruits ou endommagés par les bombardements de l'armée israélienne et 103 ont été transformés en refuges pour les gazaouis déplacés[177] ,[120].

En Israël

Parking endommagé par une roquette du Hamas à Ashdod (Israël

En septembre 2016, le responsable militaire israélien du Commandement du Sud fait savoir qu’une barrière souterraine en construction le long de la frontière de la bande de Gaza avec Israël pour protéger le pays des tunnels du Hamas devrait être terminée d’ici à quelques mois et que la structure comprendrait un mur construit profondément sous le sol ainsi que des segments inondables[178].

Le 28 février 2017, le contrôleur de l'État d'Israël publie deux rapports très critiques sur la gestion du conflit par les autorités politiques et militaires[179]. D'une part, le premier ministre Benyamin Netanyahou n'a pas informé suffisamment les membres du cabinet de sécurité de la menace souterraine. Le contrôleur accuse le Premier ministre Benjamin Netanyahu d’avoir laissé les ministres dans le noir sur la menace souterraine avant la guerre, et de n’en avoir parlé sérieusement au cabinet qu’après le début de l’opération. De plus, le cabinet de sécurité, qui doit fonctionner comme une institution de conseil pour le Premier ministre, a été accusé de n’avoir pas rempli ce rôle. D'autre part, l'armée n'était pas préparée à détruire les tunnels. L'armée n'ayant détruit ou neutralisé que la moitié des tunnels, « l’armée israélienne […] n’a ainsi pas achevé sa mission »[179].

Augmentation des actes antisémites

La presse internationale rapporte une augmentation des incidents antisémites dans le monde, liée à la Guerre de Gaza. Ainsi, le journal The Independent reprend-il les statistiques d'un organisme de sécurité de la communauté juive selon lesquelles le nombre d'incidents antisémites au Royaume-Uni aurait cru de 36 % en [180]. En France, des synagogues et des commerces juifs ont été vandalisés, des Juifs isolés ont été molestés lors de manifestations pro-palestiniennes auxquelles se sont joints des extrémistes[181]. Al Jazeera America y voit une montée des attaques racistes contre les Juifs français, ceci reflétant un changement dans les tendances démographiques»[182]. Selon Dominique Moïsi : « Aujourd'hui, les Juifs sont principalement attaqués par des gens irrités par l'action de l'armée israélienne et en tenant tous les Juifs pour responsables »[182]. USA Today, signale des incidents antisémites dans plusieurs pays européens (Allemagne, Angleterre, Italie, Belgique, France) et en Turquie[183].

Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon a déploré « la flambée d'attaques antisémites, notamment en Europe, en lien avec les manifestations concernant l'escalade de la violence à Gaza » et estime que « le conflit au Proche-Orient ne doit pas fournir un prétexte pour une discrimination qui pourrait affecter la paix sociale n'importe où dans le monde »[184].

Manifestation à Manchester (Grande-Bretagne) contre l'antisémitisme

Réactions internationales

  • Israël et Gaza.
  • Pays ayant condamné l'action d'Israël.
  • Pays ayant soutenu la position israélienne ou soutenu le droit d'Israël à se défendre.
  • Pays ayant appelé à la fin des hostilités et ayant condamné les deux ou aucun des belligérants.
  • Pays ayant des réactions officielles mixtes.

Diplomatie

Ban Ki-moon et John Kerry au Caire le 21 juillet 2014.

Le Caire présente lundi une feuille de route aux Israéliens et Palestiniens pour un « arrêt total des hostilités » dans la bande de Gaza le mardi à 8 heures (heure française). Le cabinet israélien accepte cette proposition le au matin mais le Hamas rejette le dispositif proposé : « Il s'agit d'une reddition et nous la rejetons sans appel », promettant que la « bataille contre l'ennemi s'intensifiera »[185]. Les bombardements israéliens reprennent après une trêve de six heures alors que les tirs de roquettes du Hamas n'avaient pas cessé[186]. Le décès de quatre enfants jouant sur la plage tués par des frappes israéliennes accroît encore la colère des Palestiniens[réf. nécessaire].

Une trêve humanitaire demandée par l'ONU est acceptée par Israël et, cette fois-ci, par le Hamas. Elle entre en vigueur le à 9 heures (heure française) pour une durée de cinq heures[187].

Des négociations se tiennent au Caire vers les 15 - mais le rejet par le Hamas des propositions égyptiennes pour un cessez-le-feu est dénoncé, le , par le ministre égyptien des Affaires étrangères Sameh Choukri : « Si le Hamas avait accepté la proposition égyptienne, il aurait pu sauver les vies d'au moins 40 Palestiniens », a déclaré Sameh Choukri[75].

Le , le Hamas remet à l'Égypte, au Qatar, à la Turquie, à la Ligue arabe et au président palestinien Mahmoud Abbas les conditions d'une trêve en sept points avec Israël. Mahmoud Abbas est ainsi, pour la première fois, cité publiquement comme partie prenante du processus par le Hamas[188].

Après un appel lancé par Mahmoud Abbas à la suite de la mort d'au moins 100 Palestiniens à Gaza le dimanche [189], la Jordanie convoque le Conseil de sécurité des Nations unies qui se réunit le soir même à New York pour débattre de la situation à Gaza[190]. À la suite de cette réunion, les quinze membres du Conseil, après avoir délibéré à huis clos, expriment leur « grave préoccupation devant le nombre croissant de victimes », appellent à un « retour à l'accord de cessez-le-feu de novembre 2012 » et enfin « appellent au respect des lois humanitaires internationales, notamment sur la protection des civils » en « soulignent la nécessité d'améliorer la situation humanitaire » dans la bande de Gaza[191].

Le haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Mme Navi Pillay, appelle à une enquête sur les possibles crimes de guerre commis par Israël à Gaza, et dénonce aussi les attaques indiscriminées menées par le Hamas contre des zones civiles[192],[193]. Avec 29 voix pour, 17 abstentions (dont la France) et un contre (les États-Unis), les 47 États membres du Conseil des droits de l'Homme ont adopté une résolution, déposée par les autorités palestiniennes, à la suite des opérations militaires menées par Tsahal. Le texte condamne « les violations généralisées, systématiques et flagrantes des droits de l'Homme et des libertés fondamentales » et demande par ailleurs de placer les Palestiniens sous « protection internationale immédiate »[194].

Justice

Une plainte contre Israël pour crimes de guerre et colonialisme a été déposée le auprès de la Cour pénale internationale par Saleem Al Saqqa, ministre palestinien de la Justice, et Ismaeel Jaber, procureur général de Gaza pour les crimes de guerre commis à Gaza. Cette plainte a reçu l’appui de 130 professeurs de Droit. Elle fait suite au refus de 17 pays européens, dont la France, de s'engager sur une résolution de l'ONU pour le respect du droit international humanitaire dans les territoires palestiniens occupés. La France s’est aussi abstenue lors du vote pour la création d’une commission d’enquête sur les crimes de guerre à Gaza[195],[196].

Le 5 août, l'État de Palestine annonce vouloir joindre la Cour pénale internationale afin de poursuivre en justice le gouvernement israélien pour crimes de guerre[197].

D'après le paragraphe 3 de l’article 12 du Statut de Rome, l'État palestinien pourra solliciter des enquêtes sur les crimes de guerre[198]:

« Si la reconnaissance de la compétence de la Cour par un État qui n'est pas Partie au présent Statut est nécessaire aux fins du paragraphe 2, cet État peut, par déclaration déposée auprès du Greffier, consentir à ce que la Cour exerce sa compétence à l'égard du crime dont il s'agit. L'État ayant reconnu la compétence de la Cour coopère avec celle-ci sans retard et sans exception conformément au chapitre IX. »

— Article 12 - Paragraphe 3 du Statut de Rome[199]

En , le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, Navi Pillay, a accusé Israël et le Hamas de violer les règles de la guerre. Elle estime que le Hamas viole le droit international humanitaire « en plaçant des roquettes dans des écoles et des hôpitaux ou encore en tirant ces roquettes de zones densément peuplées » ; mais elle estime aussi que le gouvernement israélien a défié le droit international en attaquant les zones civiles de Gaza tels que les écoles, les hôpitaux, les maisons et les installations des Nations unies, précisant que « rien de tout cela me semble être accidentel »[200].

Le Hamas est accusé par une organisation israélienne d'avoir commis des crimes de guerre en exécutant des palestiniens accusés de collaboration avec Israël[201].

L’émissaire palestinien au Conseil des droits de l'homme des Nations unies a indiqué que le Hamas a commis un crime contre l'humanité car les roquettes visent des civils, ajoutant « que les agissements d’Israël contre des civils palestiniens constituent aussi des crimes contre l’humanité »[202].

Enquête de l'ONU

Pour l'ONU, c'est William Schabas qui est nommé le à la tête de la commission chargée d’enquêter sur les éventuels crimes de guerre commis à Gaza pendant l'opération Bordure Protectrice[203]. Dès sa nomination, ce professeur de Droit canadien connait, et à travers lui, le Conseil des droits de l'homme des Nations unies (OHCHR), une large campagne de délégitimation dans les médias israéliens, Benyamin Nétanyahou affirmant que l'OHCHR avait « déjà écrit son rapport » tandis que Schabas estimait, lui, que « ses détracteurs (…) voudraient juste voir la commission disparaître ». Début , mis en cause par Israël pour « conflit d'intérêt » - en 2012 il a été rémunéré 1 300 dollars pour une mission de consultant pour l'Organisation de libération de la Palestine - il donne sa démission[204] afin de ne pas gêner la rédaction du rapport d'enquête[205].

Le rapport d'enquête officiel de l'ONU, rendu public le , indique que l'armée israélienne est responsable de sept attaques contre des écoles de l'UNRWA utilisées comme abris d'urgence par les civils palestiniens. Ces attaques ont fait au moins 44 morts et 227 blessés civils, dont de nombreuses femmes et enfants, entre le et le . Les témoins cités dans le rapport affirment qu'il n'y avait aucune activité de groupes palestiniens dans les écoles ou à proximité qui auraient pu justifier les bombardements israéliens. La commission d'enquête estime possible que des groupes de combattants palestiniens ont pu utiliser trois autres écoles pour dissimuler des armes ou lancer des tirs. Dans une lettre au Conseil de sécurité de l'ONU, Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations unies déplore les attaques israéliennes dans des locaux de l'ONU normalement inviolables et souligne que « les trois écoles où des armes ont été trouvées étaient vides à l'époque et n'étaient pas utilisées comme abris par la population »[206].

Médias

En France, l'association Acrimed publie une analyse du traitement médiatique de l'opération Bordure protectrice[207].

En Israël, une polémique naît du refus de la radio publique d'Israël de mentionner les noms et âges des enfants palestiniens tués depuis le début des frappes sur la bande de Gaza. La question est portée devant la Cour suprême[208].

Réseaux sociaux

La BBC signale une forte communication sur Twitter, 400 000 tweets échangés accompagnés de six photos présentées comme étant des images de la guerre à Gaza alors que ces photos ont été prises dans d'autres contextes[209].

Dans un contexte de guerre médiatique, il est difficile de savoir qui dit la vérité, mais on peut constater qu'une partie des familles de soldats Israéliens ont affirmé avoir appris la mort de leurs proches tués aux combats par des informations non officielles, notamment l'application WhatsApp, les personnes les ayant averties étant des soldats Israéliens qui ont même été mis aux arrêts par leurs supérieurs pour violation du secret militaire. Certains noms diffusés via cette application se sont révélés être faux[210].

Notes et références

Notes

Références

Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes

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